Pas fini Newsletter La Limace du 21 juin 2022 Depuis l’enfance, on m’a appris qu’il était toujours bon de finir quelque chose qu’on avait commencé.Etant jeune, cela semblait facile : il suffisait de travailler suffisamment à l’école pour passer à l’année suivante. Ensuite, au lycée, il a fallu choisir une direction, un début d’orientation pour la suite des études. Tout cela devait avoir un sens, au moins dans notre discours, qui devait faire preuve d’une certaine cohérence pour rassurer les adultes qui s’inquiétaient pour notre avenir. Eux-mêmes persuadés de l’importance de la réussite académique puis professionnelle selon les critères d’une société telle que la nôtre, ils insistaient sur cette notion de “finir”, d’aller “au bout des choses”. Dans le relatif, il s’agissait d’obtenir un diplôme, une certification, une forme de marque de reconnaissance qui donnerait confiance aux employeurs. Mais dans l’absolu, comment savoir si quelque chose est fini ? Pour une œuvre, il y a un moment où l’artiste sent qu’elle est aboutie, qu’un message a pu véritablement se déposer dedans… Mais ce moment n’a rien d’objectif, il n’a pas de critères mesurables. De même, comment savoir qu’on est allé au bout d’une relation, d’un engagement professionnel, d’une quête, quelle qu’elle soit ? Est-ce le sentiment d’avoir accompli quelque chose ? Est-ce la lassitude, l’ennui ? Est-ce la tentation, la curiosité, l’envie de s’ouvrir à quelque chose de neuf ? Mystère. Alors que les institutions souvent rigides que nous impose la société cherchent à figer notre direction individuelle pour nous rendre esclaves d’un fonctionnement basé sur la peur, la vie intérieure nous invite toujours à plus de souplesse et d’écoute subtile. Non, tout ne rentre pas forcément dans des cases. Non, peut-être que notre évolution personnelle n’a pas besoin d’être programmée, pré-mâchée, organisée par un mental contrôlant. Il y a une forme de rébellion discrète dans le fait d’accepter de ne pas finir, ou en tout cas pas de la manière qui serait attendue de ce monde normatif où être conforme est présenté comme la priorité. Et si aujourd’hui, tu te félicitais de toutes les choses que tu n’as pas finies ? Et si tu voyais le cadeau de ces expériences, qui en réalité ont pris fin exactement au bon moment pour toi ? Et si tu regardais, au-delà des accomplissements extérieurs, tout ce qui a mûri à l’intérieur de toi, à quel point tu as grandi au cours de ce cheminement non balisé ? Share this:TwitterFacebookWordPress:J’aime chargement… Publié par audrey_spice Voir tous les articles par audrey_spice