La faiblesse porte un message

Lettre i du 7 mai 2022

Avant, quand j’étais malade, quand je sentais le début d’un rhume pointer, c’était tout de suite un médicament, histoire que cela ne m’embête pas pour continuer de mener mes activités. J’aimais cette vie trépidante, et je refusais de me sentir limitée par de la faiblesse et de la douleur physiques. Quelle perte de temps !

Et puis, les douleurs qui se sont imposées à moi ont été de plus en plus virulentes et handicapantes, si bien que les anti-douleurs en devenaient inutiles. C’était comme si mon corps redoublait d’insistance pour faire entendre le message de mon âme.

Le premier message, c’était de ralentir.
Plutôt simple, me direz-vous, mais dans la pratique, cela n’a rien de facile.
Quand on s’est conditionné à croire qu’on existe exclusivement par l’action et par l’impact visible qu’on a sur l’extérieur…

C’est comme tomber dans un gouffre.

Et pourtant, j’ai bien dû y faire face, à ce gouffre, le jour où mon corps m’a dit « non, tu ne te lèveras pas, car le vertige t’empêchera de trouver l’équilibre ».
J’ai bien dû accepter de ralentir, le jour où je n’avais plus aucune force pour poser un pied devant l’autre.

Le deuxième message, c’était de ressentir.
Tout.
Pleinement.
L’émotion, la solitude, la souffrance telle qu’elle se présentait, le vide, la peur immense, la tristesse infinie…
Là, j’ai découvert que malgré les apparences, rien de tout cela ne m’engloutirait ni ne m’anéantirait.
Au coeur de la sensation, il y a juste à être présente : ne pas regretter l’instant d’avant, ne pas redouter l’instant d’après, mais simplement être là, avec ce qui se passe.
Minute par minute.

Le troisième message, qui est arrivé ensuite, c’était d’écouter.
D’accord, il y a ce vide, cette souffrance, cette peur, mais une fois que tout cela a été accueilli, il y a un espace vacant, une ouverture pour recevoir, pour comprendre à partir de l’âme.
Ce n’est pas une compréhension mentale, ce sont rarement des mots… mais cela peut être une inspiration artistique, ou simplement une intuition profonde sur son chemin de vie.

Parce qu’on a fait le parcours de ralentir et de ressentir, on est enfin suffisamment disponible pour entrer en intimité avec l’âme, pour être proche d’elle, pour lui faire confiance et suivre sa guidance.
C’est aussi parce que la douleur nous rend vulnérables et que, si on la laisse faire, elle nous dépouille de notre fierté et ouvre notre coeur à d’autres univers.

C’est un cadeau que de se voir soudainement délester de tant de poids, de tant de doutes et de questions, simplement parce que la limitation nous plonge en nous-mêmes et nous met directement face à l’essentiel.
Elle nous invite à voir ce qui est réellement important dans la vie, et à prendre conscience que non, l’ego n’a pas de pouvoir sur ce qui nous arrive.
Elle nous remplit d’humilité et de sagesse.

Laissons couler cela en nous.
Car derrière se cache un océan d’amour.

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