Se retrouver

Lettre i du 15 avril 2022

Le mois de mai approche.

Je commence à retrouver les premières sensations, les odeurs fleuries aux notes de miel, la douceur du vent… toutes ces choses qui m’ont charmées quand je suis arrivée ici.

Ces derniers temps, j’ai moins écrit. Ou en tout cas, moins que ces trois dernières années. Pourquoi donc ?

Ce n’est pas que je manque d’idées.
Ce n’est pas non plus que je n’aie rien à raconter…

J’ai simplement besoin de réinventer ma manière d’écrire.

Ces dernières années, l’écriture a été mon exutoire ; et je l’en remercie ! Mais elle a aussi nourri un certain narcissisme.
On a pu me reprocher, plus ou moins directement, mon côté autocentré ; mais sans nécessairement comprendre d’où tout cela venait.

En 2016, dans le premier groupe de méditation que je rejoins, je découvre la merveilleuse pratique du partage du coeur, au sein des cercles de parole : dire ce que l’on ressent, se rendre vulnérable, sans chercher de conseil ou de réponse ; simplement être accueilli et s’accueillir dans sa fragilité d’être humain. Je suis émerveillée par la puissance de cet exercice, tant pour celui qui s’exprime que pour celui qui écoute, se reconnaît ou s’oppose intérieurement, ressent tout un tas de choses… Assez naturellement, j’ai eu envie de faire de mes expériences personnelles un terreau d’évolution pour moi et pour les autres : me livrer, sans fards, à travers des podcasts, puis des écrits et des vidéos. Et puis, j’ai rassemblé des extraits de mon journal, des poèmes, des moments vécus ou fantasmés, transformés en nouvelles… Et j’en ai fait un livre : Tu me vois.

Aujourd’hui, je me sens loin de ce livre, alors même que je l’ai publié en décembre 2021, après un an de travail de reconstitution et de création. 

Je m’en sens loin, car depuis quelques mois, tous ces personnages de mon histoire, cette histoire que j’ai tenu à écrire moi-même, comme pour la romancer et en maîtriser l’image, s’effondrent. 

Comme si tout cela n’était qu’un château de cartes, joli et charmant certes, intéressant sans doute, et qui fait écho chez différentes personnes… mais un château de cartes tout de même.

Quand les fausses identités s’écroulent, il peut y avoir une sensation de vide, de rien, et on peut se sentir désemparé.

Mais c’est aussi l’occasion de se réinventer.

Ce n’est pas la pratique qui n’a plus de sens, mais la façon dont l’ego se l’était appropriée pour se donner de l’importance. 

Au-delà de l’exutoire, l’écriture est pour moi un refuge : un endroit de retrouvailles avec ma vraie nature, avec mon âme.

Ces retrouvailles peuvent avoir lieu de tant de manières… 

Du fait de mes expériences, j’ai longtemps cru qu’il fallait que j’accentue mes émotions avec des histoires, que j’en rajoute, que j’exagère la chose, afin de tomber dans ce gouffre, de faire ce plongeon vulnérable qui permettrait de voir émerger la Grâce… 

Mais la Grâce ne se provoque pas. On peut s’y rendre disponible, mais on ne peut pas la récupérer pour se dire qu’on est génial de l’avoir reçue !

A moi donc de me rendre plus réceptive aux messages de la Vie.

Ci-dessous une petite vidéo sur la question du sens, qui semble tarauder nombre d’entre nous : chercher du sens à l’extérieur, à l’intérieur, donner un sens à sa vie et le confirmer auprès du regard des autres… tout un programme ! Tu m’en diras des nouvelles.

Voir la vidéo.

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