Ce qui nous retient

Newsletter LA LIMACE du 18 décembre 2022

 Qu’est-ce qui nous empêche d’être vrais ?

Si souvent, nous sélectionnons les aspects de nous à montrer, et ceux à cacher.

Parce que devant telle ou telle personne, nous ne nous sentons pas en confiance, parce que nous craignons d’être jugé, et parce qu’au fond, nous avons honte d’être qui nous sommes.

Mais d’où vient cette honte ?

Nous avons appris qu’il y avait des standards, une “bonne” et une “mauvaise” manière de vivre, des choses qui ferait plaisir à nos parents et d’autres qui les inquièteraient ou les attristeraient.

Alors nous avons tenté de correspondre à ces critères socio-culturels, de les incorporer dans nos vies comme une sauce que l’on ajouterait à un plat

Cette sauce a un certain goût, et cela modifie la saveur du plat.

Autour de nous, certains apprécient le plat juste à cause de la sauce, et ne remarquent pas vraiment ce qu’il y a en dessous. 

Ils sont rassurés parce que cette sauce, ils la connaissent, ils la mettent eux aussi dans leurs plats et ils la retrouvent un peu partout dans leur entourage.

D’autres voudraient goûter le plat authentique, tel quel, et sont frustrés de cette sauce qui est ajoutée systématiquement. 

Ce n’est peut-être pas la majorité des gens, mais ce sont ceux qui connaissent la vraie saveur des aliments, des produits qui n’ont pas été trop transformés, qui viennent directement de la terre.

Nous devons croire qu’il est possible d’être aimé-e-s pour ce que nous sommes.

Sans fard.

Sans ajout.

Sans sauce.

Que ce soit notre famille, nos ami-e-s, un-e partenaire actuel-le ou potentiel-le, personne n’a le pouvoir de nous faire changer

Ils peuvent seulement nous mettre une pression (ou bien nous imaginons qu’ils mettent une pression), qui va nous pousser à l’autocensure.

Non, les aliments de notre plat ne disparaîtront pas. 

Ils seront juste cachés, leur saveur sera juste altérée par la sauce.

Non, nous ne perdrons pas qui nous sommes.

Nous l’enfouirons simplement sous des couches de protection et d’apparences.

Et cela nous fera souffrir, constamment, jusqu’à ce qu’un jour, par la grâce, quelque chose lâche, quelque chose explose pour exprimer notre vérité.

Ce moment-là, nous le craignons, nous l’appréhendons, nous le retardons au maximum.

Mais nous n’avons pas le pouvoir de choisir à quel moment il aura lieu.

Et il aura lieu, inévitablement.

Il y aura un face à face, d’abord entre nous et nous-même, puis entre nous et l’autrecelui-là ou celle-là dont l’avis nous inquiète, devant qui nous frémissons à l’idée de montrer l’entièreté de notre être.

Cette peur est légitime ; elle annonce un changement.

Elle est aussi le versant de la créativité : l’inconnu nous attend, prêt à nous rendre humble et puissant à la fois.

Lorsque la vérité est reconnue, les portes s’ouvrent.

Tout est possible.

La vie n’attend que nous.

Quand tu tombes…

10 novembre 2022

En ce moment, j’écris moins.
Quelque part, j’ai l’impression de ne pas avoir grand chose à dire.

Il y a peut-être aussi quelque chose qui se cache, comme si j’avais honte de certains aspects de ma situation actuelle.

Quelque chose se met en branle, quelque chose est en train de changer.
Seulement, cela prend du temps.
Parfois, je me demande si c’est moi qui ne me bouge pas assez, si c’est à cause d’une forme de passivité.

Mais c’est comme l’automne.
Il faut que les feuilles tombent avant que de nouveaux bourgeons apparaissent.
Et avant que les feuilles ne se décomposent entièrement dans le sol, cela prend des mois.

Pourquoi vouloir tout pulvériser ?
Pour se rassurer, se dire qu’on aurait une forme de contrôle sur la vie ?

Mais non.

Nous sommes tous face à cette même fragilité, cette même incertitude.
Celle-ci se fait simplement de plus en plus visible à mesure que l’on prend conscience des « crises » qui caractérisent notre époque.

Mais après tout, qu’est-ce qu’une crise, sinon une transition avant quelque chose de nouveau ?

Nous avons si peur du changement.
Moi aussi, j’ai peur.

Alors, quand rien ne semble stable, quand il ne reste rien à quoi se raccrocher, il reste la foi.
Cette confiance profonde, au-delà de toutes les contraintes que l’existence semble m’imposer.
Au coeur de notre vulnérabilité, nous pouvons découvrir que la vie est un trésor magique : précieux, complexe et toujours en mouvement.

Redécouverte imprévue

Newsletter LA LIMACE du 5 novembre 2022

Voyage en Espagne. Des mois que j’y pensais. Pour le flamenco, et son chant qui me fait parfois frissonner.

Je pensais partir pour me plonger dans un univers qui me fascinait, une musique particulière, pleine de passion, d’émotion, de connexion à la vie.

Je pensais que je m’immergerais dans ce monde et que j’en apprendrais des secrets.

Mais en partant, j’étais déjà en décalage avec ce rêve, ce projet, cet espoir.

Comme si entretemps, j’avais déjà compris ce qui comptais le plus.

Comme si j’étais déjà dans une autre quête, qui n’est plus une course poursuite vers le succès, mais une humble reconnaissance de qui je suis.

Ne plus chercher à être quelqu’un d’autre, à devenir une personne plus intéressante, plus appréciable.

Juste être avec ce qui est là, maintenant.

Progresser en musique, oui.
Pratiquer, laisser ma voix me surprendre, m’apprivoiser.

Et puis, recevoir de nouveaux messages, de nouvelles idées.

Tout n’est pas mûr à être partagé.

Mais ce qui est sûr, c’est que ce voyage a eu sa fonction, complètement différente de ce que j’imaginais.

Prendre conscience d’où j’en suis, au-delà des apparences qui semblent dire que je suis « perdue ».
Révéler que je n’ai pas besoin de déployer constamment des talents pour avoir le droit d’exister.
Voir que la vie est simple, douce et bonne.

Sentir que je suis capable de glisser avec les changements, de les laisser me renforcer et me faire mûrir, plutôt que de m’en sentir victime.

Oser dire « je ne sais pas », oser changer d’habitudes, oser être vulnérable et ouvrir mon coeur à plus de collaboration.

Le retour en France a été comme un soulagement, et la sensation de trouver un nouveau chez-moi. Celui où, au lieu de me concentrer sur mes intérêts personnels, je m’attache à nourrir le lien, un peu plus, chaque jour, et à prendre soin de ce qui est là.

La vie s’en occupe

Newsletter LA LIMACE du 21 octobre 2022 

La semaine qui vient de passer a été assez intense. 

Beaucoup de changements, comme si la vie se jouait de mes plans bien ficelés.

Départ en voyage retardé, douleurs qui m’obligent à ralentir, compte en banque un peu maigre… tout cela était parfait.

J’ai pu me lâcher la grappe, en voyant très clairement que rien de tout ça n’était de ma faute.

Nous sommes nombreux-ses à avoir cette tendance : culpabiliser pour ce qui arrive dans notre vie, croire que nous sommes “responsables”. On entend même certains qui se veulent des gourous du développement personnel, nous dire que chacun est le “créateur” de sa vie. 

Tant de confusion, tant d’injonctions contradictoires, qui finissent par nourrir une haine de soi qui n’a absolument aucune “valeur ajoutée” pour notre paysage intérieur.

Mon mantra, cette semaine, lorsque quelque chose d’imprévu survenait, lorsque je devais me réadapter rapidement, c’était : “La vie s’en occupe.”

Il ne s’agit pas de nier la réalité et ses contraintes, simplement de prendre une respiration et peut-être un petit pas de recul avant de se précipiter vers la quête de solutions.

“La vie s’en occupe”, c’est un hymne à la confiance en la vie, à ce mystère qui fait que les choses peuvent s’arranger naturellement, harmonieusement, lorsqu’on leur laisse un peu de temps et d’espace.

Parfois, la vie s’en occupe, à travers des personnes qui proposent spontanément de l’aide.

Parfois, la vie s’en occupe en nous faisant tomber malade, afin que nous soyions obligés de nous reposer et d’attendre la clarté avant de décider.

Parfois, la vie s’en occupe en nous soufflant une idée, puis en nous donnant l’énergie pour la mettre en pratique sereinement et efficacement.

Et si on adoptait ce mantra au quotidien, dès qu’un de nos soucis semble trop encombrant, dès qu’on sent qu’on voudrait forcer pour atteindre un résultat, pour résoudre le problème “par nous-mêmes” ?

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Peut-on avoir confiance en soi ?

Newsletter LA LIMACE du 20 septembre 2022

20 septembre 2022

Ce matin, malgré les difficultés rencontrées la veille, j’ai ressenti une sorte de détente et d’ouverture que j’avais du mal à expliquer.

Je traverse en ce moment une phase de remise en question et d’incertitude. Je n’ai pas encore la réponse à la question : quelle est la prochaine étape ? Je me questionne sur le mode de vie qui m’attend, sur le lieu qui m’accueillerait harmonieusement… 

Et je n’ai pas du tout la sensation d’avoir “la main” sur ce changement en cours. Je le pressens, c’est tout.

Le développement personnel nous pousse à toujours plus d’épanouissement, à partir de notre individualité : il sous-entend que nous avons le pouvoir de changer. 

A mon sens, c’est plus subtil : nous pouvons changer, mais ce pouvoir n’est pas entre nos mains. Il ne s’agit pas de changer de façon forcée, à partir d’une volonté personnelle, mais de se laisser transformer par la vie, dans une attitude principalement réceptive.

Au cours de mon existence, j’ai entendu tant de gens dire, d’un air désolé, qu’ils n’avaient pas confiance en eux. Pendant un certain temps, cela m’attristait aussi, et j’essayais de les aider à découvrir leurs qualités et à s’estimer davantage. Mais j’étais souvent frustrée de constater que cela ne les rendait jamais heureux : il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas, qui ne les satisfaisait pas.

La confiance en soi est quelque chose qu’il faut créer de toutes pièces, à partir de concepts, pour se rassurer qu’on a bien le droit d’être là. Elle part du principe que les êtres vivants sont séparés les uns des autres, et séparés de l’harmonie de l’Univers.

Aujourd’hui, je porte davantage mon regard sur la confiance en la Vie, et c’est aussi ce que j’essaie de transmettre aux êtres que j’accompagne.

La confiance en la Vie, loin d’être artificielle, est déjà présente en chacun d’entre nous. Il ne s’agit donc que de la “réveiller” par une observation quotidienne de ce qui, dans notre expérience, est profondément juste et harmonieux.

Cela peut sembler paradoxal, et c’est souvent difficile à accepter sur le moment, mais les passages chaotiques et douloureux de notre vie ont, eux aussi, leur raison d’être. Ils nous enseignent, nous travaillent de l’intérieur, nous ramènent à une humilité salutaire, nous recentrent sur l’essentiel.

“La Vie me veut du bien.” est un des mantras que j’aime me répéter, y compris dans les moments où mes pensées affirment l’inverse au vu des événements extérieurs. 

Il ne s’agit pas là de chercher le positif partout jusqu’au déni de ce que l’on ressent, mais plutôt de s’abandonner, de s’en remettre à quelque chose de plus grand dont l’intelligence est infiniment plus vaste que ce que notre imagination peut concevoir.

Au moment où je dis ce mantra, la recherche de réponses et de recettes cesse, et je me retrouve à nouveau dans le calme de mon essence, de qui je suis vraiment.

Car la Vie n’est pas quelque chose de réellement extérieur, elle est l’infiniment grand, l’universel, mais elle se trouve aussi dans l’infiniment petit, au coeur de chacune de mes cellules. 

Cette profonde bonté, cette pure justesse, se loge donc au sein de chaque élément manifesté : en moi et autour de moi.

A partir de là, je n’ai plus besoin d’avoir “confiance en moi”.

Je peux simplement vivre, à l’écoute de cette intelligence joyeuse et joueuse qui circule à chaque instant dans mes veines.

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Sortir du rôle

Newsletter LA LIMACE du 14 septembre 2022

Être là, simplement, et prendre conscience.
De tout ce qui a été nié. 
De tout ce que j’ai fait pour correspondre à une certaine image que j’avais de moi.
Sans véritable liberté.

Qu’est-ce que la liberté ?
Celle de se choisir, sans doute.
Celle d’être soi-même.
Ce n’est pas vraiment un choix, c’est plus le courage de s’assumer.
Parce que je n’ai pas choisi d’être comme je suis.
Parce que je n’ai pas choisi ce chemin.
Ou alors peut-être que si, je l’ai choisi, avant de naître.
Peu importe.

Nous créons tous un rôle, un personnage, pour nous sentir en sécurité dans cette société qui ne tolère pas vraiment les singularités.
Et le drame, c’est que nous finissons par croire que nous le sommes, ce personnage, ce costume que nous avons enfilé. 
Il nous colle à la peau.
Il est comme un jumeau dont on ne veut pas se séparer.
Peur de mourir s’il disparaît, s’il nous quitte, s’il s’évanouit.

Ce n’est qu’un écran de fumée, mais nous y croyons dur comme fer.
La fumée prend la forme d’une cage dans laquelle nous nous enfermons.
La cage est ouverte, mais nos yeux sont fixés sur ses beaux barreaux dorés.
Nous nous croyons prisonniers, et pourtant seul notre regard nous maintient ainsi.

Bornés, limités par ce costume qui finit par ressembler à une armure, nous souffrons, nous trébuchons, nous hoquetons de peur et d’épuisement.
Ce costume étouffe notre âme, et peu à peu elle se rappelle à nous, pour émerger, pour renaître.
C’est l’âme qui crie et qui surgit, par instants, au creux de notre souffrance.

Alors que nous sommes si habitués à tenir, à maintenir cette fausse identité, à contenir qui nous sommes vraiment, notre nature profonde… soudain la vie nous demande de lâcher, de faire confiance.

Pourrons-nous répondre à son appel ?

Faire partie

Newsletter (La Limace) du 6 août 2022

Quelques semaines de pause, sans même que je m’en rende compte, sont venues s’immiscer. Je ne planifie plus vraiment de temps de vacances, mais le vide s’impose parfois de lui-même. Et c’est sans doute ce qui me permet de mieux l’embrasser.

Quand les choses sont entièrement prévues et prévisibles, il y a certes, un contrôle, une sensation de sécurité, mais aussi, au fond, un certain ennui, car nous nous déconnectons des surprises de la vie, de sa magie, de son mystère, croyant avoir “les choses en main”.

Nous n’avons jamais les choses en main, ce n’est qu’une illusion.

Mais cette illusion, à laquelle nous croyons bien souvent, a beaucoup de conséquences sur notre intériorité et notre manière d’interpréter le quotidien.

Nous nous glorifions de nos réussites, nous nous blâmons pour nos échecs.

Nous nous sur-responsabilisons, ou alors nous mettons la faute sur les autres.

Nous surestimons l’importance des événements extérieurs.

En réalité, tout cela vient avant tout d’une peur : celle d’être séparé.

Être séparé des autres, du monde, se retrouver seul, abandonné, ne pas faire partie du groupe.

Longtemps, j’ai cru que pour faire partie, il fallait faire un effort particulier, s’adapter, se fondre dans la masse à travers certains comportements.

D’abord, en faisant certaines études pour accéder à un certain statut social.

Ensuite, en cherchant à imiter les habitudes des personnes de mon entourage, quel qu’il soit, pour montrer que j’étais “de bonne volonté” pour m’intégrer.

Que ce soit à l’école, au travail, dans un nouveau pays ou même dans mon petit village de montagne, à chaque fois, ce genre d’attitude sonnait creux.

Et pourtant, même seule au milieu d’une foule, sans connaître quasi personne, comme cela m’est arrivé ces deux derniers jours lors d’un festival, j’ai pu ressentir à quel point nous sommes tous reliés, à quel point, quoi que je fasse, je fais partie.

Nous faisons partie, individuellement, de l’ensemble, que nous le voulions ou non, que nous y croyions ou non.

Il en faut peu pour s’en rendre compte, juste une sincère envie d’observer attentivement ce qui se passe.

Il y a une harmonie subtile au coeur de ce qui nous semble chaotique, désorganisé, injustice.

Il y a un mouvement qui se dessine, que nous ne pouvons comprendre mentalement, car c’est lui qui nous comprend (au sens qu’il nous contient, qu’il nous entoure). Nous faisons partie de ce mouvement, de ce dessin cosmique. Nous en sommes à la fois les acteurs et les spectateurs, les créateurs et les marionnettes.

Pouvons-nous cesser de chercher, cesser de vouloir, et simplement nous détendre devant ce mystérieux et coloré spectacle ?

Écouter son coeur

­Newsletter (La Limace) du 23 juillet 2022

Hier, j’ai passé un certain temps seule, à écouter ce que mon coeur me demandait. A chaque instant, dans la vulnérabilité éphémère de ce qu’un moment peut offrir, je m’ouvrais à ce qui émergeait en moi.

Je suis rentrée de retraite il y a quelques jours, et après autant de temps en présence à moi-même, j’ai eu droit à quelques prises de conscience. Celles-ci se prolongent et se digèrent avec le temps que j’accorde au silence, à la simplicité, au non-faire.

Parmi ces prises de conscience, la nécessité de recentrer mon projet de vie autour de ce qui m’anime depuis les profondeurs, depuis toujours : la musique.

Comment ? Je ne sais encore quelles seront les étapes.

J’essaie de le vivre, comme toutes les transitions, minute par minute.

C’est inconfortable, c’est vulnérable, c’est tendre, et c’est normal puisqu’il s’agit de mon coeur, de ce qu’il y a de plus précieux.

Mais si c’est mon coeur, c’est aussi ce qu’il y a de plus fiable, de plus solide, de plus puissant.

Paradoxal, pourrait-on croire…

Mais le coeur est ce qui nous donne du courage, ce qui nous reconnecte à la foi alors qu’à l’extérieur les difficultés semblent s’acharner, cherchant apparemment à nous mettre à terre…

Remercions ce qui nous met à terre, car cela nous invite à l’humilité, et à ressentir le vivant qui s’exclame “Je Suis” quelle que soit la situation.

Osons plonger dans ce qui nous semble sombre, houleux, indomptable, car il n’y a rien à “gérer”, rien à dompter ni à contrôler.

Osons ressentir pleinement, et nous ressortirons la tête de l’eau, tôt ou tard.

Ayons confiance en ce mouvement qui se déroule en nous, malgré nous, avec nous.

Nous sommes ce mouvement.

Et nous sommes l’immobilité qui regarde, observe et aime.

Pour écouter son coeur, il est inévitable de se confronter à certains automatismes qui nous empêchent de ressentir, qui nous éloignent de notre nature profonde : l’amour. Pour amener un peu de lucidité et quelques pistes à ce sujet, j’ai tourné cette vidéo il y a quelques semaines.

Être petit

Newsletter (La Limace) du 15 juillet 2022

Parmi les chatons qui sont nés il y a quelques mois, il y en a une qui est nettement plus petite que les autres.

Elle mange plus lentement, elle marche plus lentement, et elle semble si délicate, si fragile…
Par moments ses yeux s’irritent et s’emplissent de larmes.

C’est celle que nous trouvons la plus touchante, sans doute celle à laquelle nous nous sommes le plus attachés — car il va falloir les donner, ces petites boules de poils.

Elle nous montre, une fois de plus, à quel point la vulnérabilité est belle, quand elle est vécue pleinement, authentiquement.

Elle nous montre aussi à quel point, dès le plus jeune âge, un certain nombre de caractéristiques nous définissent, et qu’il est vain de chercher à les changer pour plaire ou pour correspondre aux critères de la société.

Aussi, naturellement, nous l’aimons et avons envie de la protéger.

La vie prend soin de la vie.

Ce qui est valorisé par le groupe, c’est la force, l’indépendance, symbolisés par la réussite extérieure.

Pour certains, ce sera la réussite matérielle, l’argent et le pouvoir politico-économique. Pour d’autres, ce sera la renommée, le pouvoir d’influence, la possibilité de s’exprimer devant la foule.

Mais la force et l’indépendance d’un être humain, tout mortel qu’il est, ont elles vraiment une réalité concrète ?

Un seul individu peut-il prétendre « prendre en main » sa vie, son destin, sans aucune aide extérieure ?

Non, car son destin n’est pas entre ses mains, et parce qu’il est profondément relié à tout ce qui l’entoure.

Et si nous nous autorisions à être petit, pour une fois ?
Et si nous osions demander de l’aide et du soutien autour de nous ?
Et si nous osions faire confiance à l’harmonie du grand Tout, plutôt que de chercher à tout contrôler et à tout faire par nous-mêmes ?

Pour cela, cultivons la confiance.
Notre limite n’est pas une fatalité, ce n’est qu’une donnée de notre existence.
C’est aussi une grande enseignante.

J’en parle dans cette vidéo (voir image ci-dessous).

Le monde ou ton monde ?

Newsletter La Limace du 5 juillet 2022

Hier, je discutais avec un ami au téléphone, et il y a une phrase qui m’a marquée, qu’il a répété plusieurs fois au cours de la conversation : « Le monde conspire contre nous. »

Je vous donne un peu de contexte. En échangeant alors que nous n’avions pas parlé depuis plusieurs mois, nous nous sommes rendus comptes que nous étions dans une phase un peu similaire, l’un et l’autre : une phase de vide. Moins d’envies, moins de désirs, un corps qui demande de ralentir, le système nerveux fatigué. Il y avait comme ce constat, cette observation que nous avions déjà accompli beaucoup de choses « dans le monde », matériellement, relationnellement, et qu’une forme de lassitude était là en ce moment, une envie de ne rien faire.

Maintenant vous comprenez peut-être mieux la phrase du début.

« Le monde », comme disait mon ami, ne nous aide pas à ralentir. Au contraire, il nous pousse toujours à accélérer, à courir après quelque chose, que ce soit le dernier objet à la mode, notre prochain boulot, notre prochain partenaire amoureux, ou encore « le bonheur » en lisant les derniers livres de développement personnel. Quel que soit le but, il faut l’atteindre, et vite. Sinon, on est un paresseux, un irresponsable, voire un parasite qui ne contribue pas à la société.

Mais ce discours est illusoire. « Contribuer à la société », aujourd’hui, c’est produire et consommer, comme un automate. Toute personne qui se pose vraiment des questions, qui met en doute la pensée dominante, qui pense par elle-même, et qui, par ce biais, contribue réellement à la société en ce qu’elle l’aide à évoluer, est presque toujours stigmatisée et mise dans une case.

Allons plus loin. Lorsque mon ami répétait cette phrase, je ne pouvais m’empêcher de répondre : « en l’occurrence, c’est mon monde qui conspire contre moi ». Oui, car je vois bien que les illusions, les croyances, les peurs, tout cela a été internalisé, répété encore et encore à l’intérieur de moi, si bien que ces jugements se produisent intérieurement. Pour dire vrai, je suis moins influencée et blessée par les jugements des autres que par les jugements que mon propre ego m’assène à longueur de journée.

Ce matin, je lisais quelques pages d’A la recherche du Soi d’Arnaud Desjardins (plus précisément le tome III), qui explique que la source de notre malheur est dans l’attente que le monde corresponde à notre monde, plutôt que de travailler à ce que notre monde soit en harmonie avec le monde. Nous voulons que les circonstances extérieures correspondent à nos désirs, au lieu d’accepter la réalité telle qu’elle est.

Quel est le lien avec le sujet du début ?

Nous ne pouvons pas espérer que le monde change, si nous refusons la réalité telle qu’elle est.

Cela peut paraître un paradoxe, mais c’est le chemin qui est proposé à tout être humain qui souhaite découvrir la vérité, le vrai bonheur, celui qui n’a rien à voir avec la satisfaction des désirs matériels et corporels.

Apprenons à « être un avec » la réalité, telle qu’elle se présente, avec la douleur, la maladie, la faiblesse, l’émotion, avec la pauvreté, la vieillesse, la mort. Ne passons pas notre vie à les craindre, à les redouter, à les refuser. Ne nous laissons pas non plus emporter par ces choses, comme si elles pouvaient nous anéantir.
Et si des événements agréables se présentent (éphémères eux aussi), comme le plaisir, les relations aimantes, la beauté d’un paysage, nous pouvons aussi les embrasser, sans nous laisser emporter par le désir qu’ils durent.

Pratiquons ensemble.

Cette semaine, je vous propose une méditation pour découvrir le cadeau derrière la douleur. Le lien vers la vidéo est juste ici, ou en cliquant sur l’image en-dessous.